Fribourg  Les oiseaux de la paix peuplent plusieurs tableaux dans l’exposition du peintre et poète syrien Salam Ahmad. Ce symbole devient lourd de sens par rapport à la vie de l’artiste, emprisonné deux fois, la première parce qu’il parlait kurde, et la seconde à cause de poèmes contestataires. L’un de ses tableaux s’appelle d’ailleurs Freedom, liberté. La grande toile à l’entrée de la Galerie Cathédrale, à Fribourg, a été peinte après le bombardement d’Afrin par la Turquie, en mars. L’émotion est palpable.

Arrivé en Suisse en 2014 et ne supportant pas de vivre grâce aux aides sociales, l’artiste désire faire de la peinture son métier, son rêve depuis qu’il a six ans. «Etre un réfugié vous vole votre dignité», écrit-il. Ancien enseignant de philosophie, il ne peut plus exercer sa profession ici. Et ce changement de carrière lui réussit puisqu’il est de plus en plus demandé, tant en Suisse qu’à l’étranger.

Les couleurs sont fortes, très expressives. L’artiste peint sur tout ce qu’il trouve: papier, bois d’encadrement, emballage Ikea. Il se représente souvent enfant en compagnie de sa mère: «Ma famille est la seule raison qui me maintient en vie.» On trouve aussi beaucoup de portraits de femmes, peintes en jaune. Ce sont ses femmes-soleil. Pour lui, les femmes représentent la lumière. Il se rend également compte de leur situation: il peint des figures sans bras, représentant leur manque d’indépendance. Il aime aussi beaucoup les fleurs, qu’il peint devant Olten, sa ville d’adoption. Pour autant, l’exposition s’intitule Afrin, en hommage au lieu qui l’a vu naître.

La figure du clown est récurrente. Plusieurs portraits portent un nez rouge et un maquillage blanc. Le clown le représente, lui. Il y a beaucoup de souffrance en lui, mais il ne se plaint jamais et reste positif. Tout le fait avancer. Il a une grande capacité à résoudre les contradictions, en tant que Syrien d’origine kurde, et musulman converti au christianisme. L’exposition est donc aussi une réflexion sur sa propre identité.

La galeriste Marie-Christine Raboud lui a également proposé de peindre le paillasson devant la galerie, puisque «les réfugiés n’ont plus de maison, donc plus de paillasson». Signe qu’en Suisse, il a retrouvé un chez-soi pour lui et sa famille. Il dit d’ailleurs ne pas se sentir étranger. L’exposition a été organisée en collaboration avec l’association Choosehumanity, qui organise une soirée de soutien au cinéma Rex le mardi 19 juin. Adeline Favre

Jusqu’au 30 juin. Me-ve 13 h-18 h, 
sa 10 h 30-16 h 30

Galerie Cathédrale, rue du Pont-Suspendu 2, Fribourg. L’artiste est présent chaque samedi.