Selon Chèque Emploi Fribourg, un grand nombre d’employeurs privés auraient renoncé à recourir aux femmes de ménage pour des questions sanitaires. Témoignage d’une employée.

Femme de ménage dans la région fribourgeoise, Kelly* est inquiète. «En principe, je fais le ménage quotidiennement chez environ quatre clients répartis entre le matin et l’après-midi mais, depuis le début de la crise liée au coronavirus, mon activité a diminué de moitié. Il y a des jours durant lesquels je ne travaille plus.»

La plupart de ses employeurs ayant renoncé à ses services avancent des raisons de sécurité. «Je fais attention, même si je ne croise en principe jamais mes clients. Je porte des gants et je n’emprunte pas les transports publics pour me rendre sur mon lieu de travail. Mais, c’est vrai que parfois, il m’arrive d’avoir un peu peur surtout s’il s’agit d’un client travaillant dans le domaine hospitalier. Je dois aussi dire que je préfère continuer, ça me fait sortir», poursuit-elle.

Mais ce qui préoccupe surtout cette maman de deux enfants originaire du Portugal, c’est son salaire. Va-t-elle continuer à être rémunérée malgré tout? «Mes clients qui ne veulent plus que je vienne m’ont dit que je serais payée en tout cas jusqu’à la fin du mois prochain. Pour la suite, j’espère que ce sera aussi le cas.»

Autant de questions auxquelles Chèque Emploi Fribourg est souvent confronté depuis plusieurs jours déjà. Créée en 2006 et gérée par le Centre d’intégration socioprofessionnelle, la structure, qui existe également dans d’autres cantons, a récemment pris l’initiative d’envoyer une lettre d’information liée au Covid-19 à tous les employeurs qui font appel à ses services. Elle enregistre ainsi 2250 employeurs et 1260 employés actifs. Parmi ces derniers, plus de 80% sont des femmes de ménage, le reste concerne des personnes actives dans la garde d’enfant ou le jardinage, entre autres.

«Les appels que Chèque Emploi reçoit de la part de femmes de ménage portent surtout sur la question du salaire», indique Charles de Reyff, président de l’association Chèque Emploi Fribourg. Et de préciser que le nombre d’employées qui ne peuvent travailler est difficile à chiffrer. Il n’empêche, selon le responsable, un grand nombre d’employeurs auraient annoncé à Chèque Emploi leur volonté, pour des questions sanitaires, de ne plus vouloir avoir recours à une femme de ménage. Si tel est le cas, ils ont l’obligation de verser un salaire à leur employé comme le rappelle Chèque Emploi dans sa missive d’information. Quant aux femmes de ménage, seules quelques-unes d’entre elles auraient renoncé d’elles-mêmes à se rendre chez des clients âgés afin de les protéger.

Stéphanie Schroeter

*Prénom d’emprunt