Fribourg  Samedi, l’Auge et la Neuveville ont organisé ensemble, autour du Werkhof, une fête de quartier avec animations pour les familles, concerts, bars, etc. Une première pour les deux faubourgs de la Basse-Ville de Fribourg, qui entretiennent une légendaire rivalité. Interview croisée avec Muriel Bosson, représentante de l’association de quartier de la Neuveville, et Marc-Alain Waeber, son homologue de l’Auge.

D’où est partie l’idée 
de cette fête?

Marc-Alain Waeber: Pour une fois, nous avons décidé d’organiser une grande fête pour tout le quartier. Auparavant, chaque quartier organisait sa propre fête. Et ces deux ou trois dernières années, il n’y a plus eu de fête du tout, ni d’un côté, ni de l’autre, car il y a de moins en moins de gens prêts à s’investir. Réunir les quartiers permettait donc aussi de réunir les forces à disposition.

Cette fête commune, c’est 
le signe d’une réconciliation entre deux frères ennemis?

Muriel Bosson:Je ne parlerais pas de frères ennemis (rires).

MAW: C’est vrai que cette rivalité a existé. Mon père me racontait qu’à l’époque, il caillassait les gamins de l’autre quartier. Mais aujourd’hui, tous sont devenus amis!

MB: Tout ça, c’était il y a bien des années. Tout évolue, même les gens de la Basse-Ville! Et c’est une bonne chose. Auge ou Neuveville, Gottéron ou Motta, tout ça est égal finalement. Il faut aussi dire que les habitants ont changé, certains sont partis au fur et à mesure que les loyers augmentaient. Des logements ont été restaurés et sont devenus impayables. Et les gens du quartier n’ont pas pu rester.

MAW: Du coup, certains habitants actuels n’ont pas vécu ou ne gardent pas le souvenir de cette période de rivalité.

Symboliquement, cette fête de quartier commune, c’est quand même un geste assez fort…

MAW: Oui, symboliquement, c’est assez fort. Même si aujourd’hui, cette fameuse rivalité, à mes yeux, fait surtout figure de mythe. Et ceux qui l’entretiennent ont finalement des amis des deux côtés du pont.

Au fait, comment est-elle née, cette rivalité?

MB: C’était essentiellement une question de langue. L’Auge était plutôt alémanique et la Neuveville francophone.

Le fait que, depuis 2016, le rababou du carnaval soit brûlé à la Planche-Supérieure et plus à la place du Petit-Saint-Jean, ce n’est plus un objet de conflit?

MB: C’est un sujet tabou (rires).

Aujourd’hui, qu’est-ce qui ­distingue les deux quartiers?

MAW: Je n’arrive pas à dire s’il y a encore des différences.

MB: En tout cas, elles s’atténuent de plus en plus.

Alors qu’est-ce qui distingue 
la Basse-Ville du reste 
de Fribourg?

MB: En Basse-Ville, nous som-mes au paradis!

MAW: En Basse-Ville, il y a davantage une ambiance de village, notamment parce qu’il n’y a pas de grands ­immeubles, tout le monde vit dans une maison. Les relations de voisinage sont très villageoises. Nous sommes aussi très proches de la nature.

Cette fête de quartier commune est-elle le premier pas d’un rapprochement? Par exemple une fusion des deux associations de quartier?

MAW: Nous n’en sommes pas encore arrivés à des réflexions aussi profondes que ça. Mais c’est en tout cas un premier pas vers le fait d’organiser davantage d’activités ensemble.

MB: Il est bon aussi que chaque quartier garde son identité.